Comptabilité d’engagement pour les BNC : comment fonctionne l’option ?

Sommaire

Les entreprises soumises aux bénéfices non commerciaux (BNC) selon le régime de la déclaration contrôlée ont le choix entre deux modes de comptabilité, même si l’administration fiscale fixe par défaut la tenue d’une comptabilité de trésorerie. Alors, en quoi consiste cette option envisageable pour les BNC, la comptabilité d’engagement ? Quelles sont ses caractéristiques, les formalités induites, les avantages et inconvénients ? Cet article répond à toutes ces interrogations afin de vous aider à trancher.

Comptabilité de trésorerie ou comptabilité d’engagement pour BNC : que dit le CGI ?

Le CGI (Code général des impôts) décrit les obligations fiscales des entreprises soumises à la déclaration contrôlée, le régime réel normal des BNC (bénéfices non commerciaux).

La comptabilité de trésorerie, le régime d’office en BNC

C’est l’article 93 du CGI qui expose la manière dont le bénéfice non commercial doit être déterminé afin d’être ensuite soumis à l’imposition. Il s’agit d’une comptabilité dite de trésorerie. Le texte spécifie que le bénéfice est calculé en déduisant des recettes encaissées les dépenses acquittées sur l’année. C’est donc une comptabilité uniquement basée sur les flux financiers réels constatés en banque ou en caisse. 

Option possible en BNC pour la comptabilité d’engagement 

L’administration fiscale spécifie dans ce même article que les entreprises soumises aux BNC peuvent déroger à ce mode de comptabilité. Elles effectuent alors une demande expresse afin d’opter pour la comptabilité d’engagement. Dans ce cas, elles ajoutent aux écritures précédentes la constatation des dettes et créances rattachables à l’exercice fiscal. Ainsi, une facture fournisseur reçue au titre de l’année, mais non payée, s’enregistre dans le résultat de la période.

Le cas du régime micro-BNC

Le micro-BNC est un régime BNC simplifié distinct du régime réel normal. Il s’applique uniquement si le chiffre d’affaires reste au-dessous du seuil légal (soit 77 700 euros pour 2023). Il ne correspond donc pas à la déclaration contrôlée évoquée précédemment pour les sociétés soumises au régime réel normal BNC. Les entrepreneurs sous le régime micro-BNC ne disposent pas de comptabilité à part entière, ni du type trésorerie ni du type engagement. Leur seule obligation fiscale consiste à tenir un livre chronologique des recettes encaissées au cours de l’année. 

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Si vous êtes médecin et que vous vous installer notre article sur le bon choix de régime entre BNC et micro-BNC pourrait vous intéresser.

Quelles sont les différences entre la comptabilité d’engagement et de trésorerie ?

Pour vous aider à choisir entre la comptabilité prévue d’office pour les BNC ou celle optionnelle, voici les différences pratiques et les formalités induites pour chacune.

Définition de la comptabilité de trésorerie, le régime d’office en BNC

Les entreprises BNC qui n’exercent pas l’option pour la comptabilité d’engagement se contentent d’une comptabilité de trésorerie. Elle enregistre donc uniquement les encaissements et décaissements. Ce sont ces éléments qui servent à déterminer le résultat imposable, et non pas l’ensemble des factures émises ou reçues.

Définition et fonctionnement de la comptabilité d’engagement

De nombreuses entreprises en France sont dans l’obligation de tenir ce type de comptabilité. C’est le cas des entités imposées à l’IS (impôt société) ainsi que des activités BIC (bénéfices industriels et commerciaux).

Comme pour les entreprises au régime BNC qui exercent l’option, toutes ces structures enregistrent alors dans leurs comptes 

  • les écritures de trésorerie (les encaissements et les paiements) ;
  • les écritures relatives à la facturation -tant pour les ventes que pour les achats, afin de disposer des créances et des dettes) ;
  • les écritures de régularisation, en vue de rattacher les produits et charges à la bonne période.

Formalités pour une entreprise soumise au régime BNC avec comptabilité d’engagement

En dehors de ces particularités sur le plan des écritures, les autres obligations comptables et fiscales sont identiques, que l’entreprise choisisse la comptabilité d’engagement ou de trésorerie. Elle doit tenir ou établir : 

  • un livre-journal ;
  • un grand-livre ;
  • un inventaire annuel ;
  • un bilan et un compte de résultat ;
  • la déclaration complémentaire n° 2042 C pro sur laquelle se coche la rubrique relative à la déclaration contrôlée ;
  • la déclaration du résultat des bénéfices non commerciaux n° 2035 ainsi que ses annexes.
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Comparaison des 2 schémas comptables pour BNC à partir d’un exemple

Prenons le cas d’une facture fournisseur de 1 200 euros HT, datée de décembre 2023. Elle correspond à un abonnement SaaS annuel du 1/12/2023 au 30/11/2024. Elle sera payée le 02/01/2024. 

Écritures comptables pour les BNC avec comptabilité d’engagement 

Voici le traitement comptable sur 2023, en faisant abstraction de la TVA : 

  • saisie de la facture d’achat soit 1 200 euros en charges et en dettes fournisseurs ;
  • comptabilisation d’une charge constatée d’avance (CCA) pour 11/12e du montant, soit 1 100 euros en moins des charges au compte de résultat et aussi à l’actif du bilan en CCA.

Donc, la somme à déduire du résultat fiscal s’élève à (1200-1100)=100 euros.

Écritures comptables pour les BNC avec comptabilité de trésorerie 

Avec le même exemple de facture d’abonnement SaaS que précédemment, la comptabilité de trésorerie se limite à constater les flux d’argent. Pour 2023, cette entreprise assujettie aux BNC ne passe donc aucune écriture, car le règlement intervient seulement en 2024. Cette pièce comptable ne fait donc pas partie de la détermination de son résultat fiscal de 2023. 

Avantages et inconvénients d’une comptabilité d’engagement pour les BNC

Alors, est-ce une bonne idée de lever l’option pour la comptabilité d’engagement ? Même s’il peut présenter des inconvénients, ce type de suivi financier s’avère plus complet pour le pilotage de l’entreprise que la comptabilité de trésorerie.

Atouts de la comptabilité d’engagement pour gérer une activité BNC

Le fait de rattacher les charges et produits à chaque exercice comptable, indépendamment de la date de paiement des créances ou des dettes, apporte de la pertinence. Cette comptabilité reflète mieux l’exploitation. En outre, elle donne une meilleure image de la situation à l’instant T sur le plan de l’endettement. Si les clients ne règlent pas comptant, elle permet aussi de visualiser l’argent qui reste à recouvrer.

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💡 Un médecin qui lance son activité et se développe rapidement aura tout intérêt à passer en comptabilité d’engagement. En effet, son comptable pourra provisionner ses charges sociales réelles (c’est-à-dire celles correspondantes à l’année en cours, mais prélevées l’année suivante) et ainsi diminuer son résultat imposable. Ce qui n’est pas le cas en comptabilité de trésorerie.

BNC en comptabilité d’engagement : inconvénients et conséquences organisationnelles

Évidemment, ce type de comptabilité demande plus de temps et de compétences pour passer les écritures et réviser ses comptes. Il ne suffit plus de suivre les mouvements bancaires en utilisant par exemple une application en ligne qui automatise les écritures de trésorerie. Les BNC qui choisissent la comptabilité d’engagement doivent s’organiser en conséquence, dès la prise d’option, voire avant.

L’accompagnement par un expert-comptable, un atout quel que soit le type de comptabilité

Les professionnels qui exercent une activité libérale ont donc le choix. Même si la comptabilité d’engagement exige l’enregistrement des dépenses engagées comme des créances émises en plus des paiements, nous recommandons de vous faire épauler dans les deux cas. En déléguant la tenue comptable ainsi que les déclarations de TVA et fiscales à un expert-comptable, vous vous concentrez sur l’important, votre business. 

Comptabilité d’engagement ou de trésorerie, le cœur de votre métier se situe ailleurs. En outre, vous bénéficiez avec un cabinet comme Myne, d’un suivi régulier, d’un tableau de bord opérationnel ainsi que de conseils proactifs pour améliorer et optimiser votre gestion. Choisir son type de comptabilité en BNC fait partie des décisions à prendre avant de se lancer. Si vous souhaitez échanger sur la manière d’organiser le suivi administratif et comptable de votre activité, n’hésitez pas à contacter nos experts !

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Cette taxe contribue au financement des collectivités locales et son calcul peut varier d'une commune à une autre. Qui est concerné par la CFE ? Toutes les entités ayant une activité non salariée sont susceptibles de devoir s'acquitter de la CFE. Cela inclut les auto-entrepreneurs, micro-entrepreneurs, associations ayant une activité lucrative et évidemment les entreprises plus traditionnelles, qu'elles soient commerciales, artisanales ou libérales. Les nouvelles entreprises bénéficient généralement d'une exonération temporaire la première année, ce qui leur laisse le temps de se développer avant d'être imposées comme toute autre entreprise. Il est cependant crucial de vérifier son éligibilité et d'anticiper cette charge fiscale. Pour mieux anticiper vos obligations fiscales, il est également utile de savoir comment comptabiliser les remises de fin d’année en RFA. Exonérations possibles La législation française prévoit plusieurs cas d'exonération totale ou partielle de la CFE. Certaines activités, telles que les artistes peintres, sculpteurs, graveurs et dessinateurs, peuvent bénéficier d'une exonération permanente. De plus, certaines zones géographiques offrant des avantages fiscaux particuliers peuvent permettre aux entreprises installées dans ces régions de profiter d’une exonération partielle ou totale. Les entreprises implantées en zones franches urbaines (ZFU) ou en zones de revitalisation rurale (ZRR), parmi d'autres zones spéciales, peuvent par exemple être touchées par ces exonérations. Il est donc impératif de se renseigner auprès des autorités compétentes pour savoir si votre entreprise en bénéficie. Comment est calculée la CFE ? Le montant de la cotisation foncière des entreprises varie en fonction de plusieurs critères. L'élément principal pris en compte est la valeur locative des biens immobiliers qu’utilise l'entreprise. Cette valeur est cadastrée par l'administration fiscale. Cette valeur locative est ensuite multipliée par un taux fixé par les collectivités locales lors du vote annuel des budgets. Le taux appliqué peut ainsi fluctuer d'une année sur l'autre et d'une commune à une autre. En moyenne, il oscille entre 1 % et 3 %. Afin de calculer exactement le montant de la CFE, il est donc nécessaire de consulter les délibérations municipales. Valeur locative des biens immobiliers : Basée sur l'évaluation cadastrale. Taux communal : Fixé par la collectivité locale. Base minimale : Certaines communes appliquent une base minimale pour les petites entreprises. Il existe aussi une imposition minimale au titre de la CFE. Cette imposition minimale repose essentiellement sur le chiffre d'affaires de l'entreprise et concerne particulièrement les petites entreprises, les auto-entrepreneurs et les micro-entrepreneurs. Démarches pour déclarer la CFE Déclarer correctement la CFE est essentiel pour éviter les pénalités. Les démarches débutent généralement par la déclaration initiale à effectuer lorsqu'une nouvelle entreprise est créée. Cette déclaration doit être réalisée via le formulaire 1447, disponible sur le site du service public. Ensuite, la déclaration est à renouveler chaque année avant le 31 décembre pour signaler toute modification intervenant durant l’année (modification de surface, déménagement). La télétransmission est souvent requise, notamment pour les entreprises soumises à un régime réel d'imposition. Action Période Formulaire Déclaration initiale À la création de l’entreprise Formulaire 1447 Déclaration annuelle Avant le 31 décembre Télétransmission Modalités de paiement Le paiement de la cotisation foncière des entreprises se fait généralement en deux temps. Il existe un acompte payable au 15 juin de chaque année, représentant 50 % de la cotisation due de l'année précédente. Le solde de la CFE est à régler avant le 15 décembre de l'année en cours. Un aspect important de la gestion fiscale des entreprises est le calcul précis des taxes. Pour plus d'informations, vous pouvez apprendre comment calculer le prix HT et TTC, ce qui est indispensable pour éviter les erreurs lors de la déclaration de la CFE. Les entreprises ont également la possibilité d'automatiser leurs paiements via le prélèvement mensuel ou trimestriel, ce qui permet une répartition plus flexible de la charge financière. Cette option est très utilisée par les petites structures telles que les auto-entrepreneurs. Anticiper la CFE : nos conseils pratiques Pour bien gérer la cotisation foncière des entreprises, il est recommandé de suivre quelques astuces simples mais efficaces. Avant tout, il est primordial de bien connaître la valeur locative de vos biens immobiliers et de surveiller régulièrement les décisions locales relatives aux taux appliqués. Tenir à jour la valeur locative : Veillez à ce que la valeur locative utilisée soit toujours actualisée. Réviser les relevés cadastraux : Vérifiez régulièrement les relevés cadastraux pour corriger d’éventuelles erreurs. Optimiser les locaux : Évaluez la possibilité de regrouper ou de redimensionner les locaux occupés. Afin d’éviter des désagréments financiers, pensez à provisionner chaque mois une somme relative au montant estimé de la CFE annuelle. Cette bonne gestion budgétaire permet de faire face sereinement aux échéances fiscales. Cas particulier des auto-entrepreneurs et micro-entrepreneurs Les auto-entrepreneurs et micro-entrepreneurs sont également soumis à la cotisation foncière des entreprises. Cependant, ils bénéficient d'un traitement quelque peu spécifique. Notamment, ils peuvent profiter d'une exonération totale de CFE pendant l'année de création de leur activité ainsi que les deux années suivantes, sous certaines conditions. Si après cette période de lancement, l'auto-entrepreneur continue de générer peu de chiffre d’affaires, il pourrait être sujet à une imposition minimale. Toutefois, cette exonération ne s’applique pas automatiquement ; elle nécessite une demande explicite auprès des services fiscaux. Recommandations spécifiques Il est conseillé aux auto-entrepreneurs de bien conserver tous les reçus et documents relatifs à leurs locaux professionnels. Ils peuvent justifier les surfaces utilisées pour leur activité professionnelle et veiller à ce que seules celles-ci soient prises en compte dans le calcul de la CFE. Conserver les justificatifs : Gardez précieusement les baux commerciaux, les factures de loyers et autres documents relatifs aux locaux. Demander l’exonération initiale : Pensez à demander formellement l'exonération pour les trois premières années. Vérifier annuellement la situation : Faites une vérification annuelle pour tenir compte des éventuelles évolutions fiscales. Perspectives pour 2025 À mesure que nous approchons de 2025, il est attendu que des ajustements législatifs puissent affecter la CFE. Ces changements peuvent résulter des réformes déjà envisagées par certains gouvernements visant à simplifier les processus fiscaux et à rendre la taxation plus équitable. Rester informé des évolutions réglementaires sera essentiel pour adapter rapidement votre stratégie de gestion de la CFE. Ainsi, pensez à consulter régulièrement les communiqués des administrations fiscales et des experts-comptables pour anticiper au mieux toute modification.

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